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A2. Ferme Candon-Guéroult
La rue Albert Gibet, depuis le carrefour de l’avenue du Général De Gaulle, se faufile entre deux rangées ininterrompues de maisons d’habitation jusqu’au rond-point du cimetière. Qui pourrait croire que ce « chemin de la Maladrerie » longeait jadis deux fermes : la ferme Robert à droite (voir chapitre précédent) et la ferme Candon à gauche ?
A la fin du 18ème siècle, Marie Marguerite Leriche, veuve de Pierre François Decaen, possédait cette petite ferme que nous appellerons « ferme Candon-Guéroult » consistant en une masure bâtie et plantée , terre de labour en closerie et bois taillis le tout contenant environ 4 ha et demi. Le 31 janvier 1812, elle est donnée à bail à Véronique Bunel, veuve de Charles Félix Féray, qui épousera en seconde noce Adrien Le Mansois boucher. Notons que ce Charles Félix Féray était le petit fils de Pierre Nicolas Féray, laboureur et maréchal, dont nous allons parler un peu plus bas.
Généalogie Mansois 1. François Guillaume ° St Maurice d’Etelan v 1757 ; x Lanquetot 16.10.1781 Marie Madeleine Caumont 11. Adrien Drausin, Md boucher et cult , ° Lanquetot 5.03.1787 ; + St Jean de la N. 27.08.1845 ; x St Jean de la Neuville 25.08.1813 Véronique Euphrasie Bunel 111. Félicité Euphrasie ° SR 2.07.1814 ; 12. Bernard Benoît, Md boucher, ° Lanquetot 20.08.1792 ; + St Jean de la N. 26.08.1852 ; x Rose Dévarieux
La masure de cette ferme était jadis un peu plus importante. Elle s’arrêtait à la place du marché, maintenant « place des anciens combattants » . C’est en 1777 que Pierre Decaen abandonna quelques parcelles: le 18 novembre 1777, il avait fieffé les parcelles 211/213 à Louis Lesauvage, pharmacien. Et le 21 novembre 1777 [1], par une sentence passée à la haute justice de Tancarville, il avait fieffé à Jean Fréval un corps de logis et forge avec terrain derrière, le tout situé en bordure de la place du marché. Ce terrain était occupé par Pierre Nicolas Féray. Lors de son troisième mariage en 1760, Pierre Féray était désigné comme maréchal et laboureur ; il semble donc qu’il s’occupait à la fois de la ferme et de la forge.
Pierre Nicolas Féray était fils de Pierre Louis Féray, aussi maréchal , décédé en 1741 [2] et dont l’inventaire après décès est rédigé le 19 décembre 1741 [3]. Parmi les écritures se trouve le bail fait par Philippe Leriche audit deffunt d’un héritage à Saint Romain contenant 8 acres de terre pour six années commençant à St Michel 1737
Généalogie Féray 1. Pierre Nicolas ° v 1663 ; + SR 2.08.1739 ; x SM 15.02.1689 Françoise Pollet 12. Pierre Louis , maréchal, b SR 7.06.1691 ; y + 30.11.1741 ; y x 21.06.1718 Marie Roger (+ 1731); y xx 9.01.1732 Marie Catherine Godfroy 121. Marie Anne Charlotte b SR 1.09.1719 ; y + 4.09.1719. 122. Pierre Nicolas, laboureur, Md, maréchal, b SR 2.09.1720, y + 5.03.1779; y x 19.02.1743 Marie Anne Marchand (+ SR 25.05.1744) ; y xx 11.07.1744 Marie Madeleine Lefebvre ; y xxx 14.08.1760 Marie Magdeleine Liot; (+ SR 17.12.1767) ; y xxxx 25.06.1768 Marie Catherine Delaporte
Jean Fréval n’allait pas conserver ce bien ; il le revendit en trois lots distincts le 9 septembre 1780: [4] - la partie B 219/221 à Pierre Aubrée, entrepreneur de maçonnerie (le constructeur du clocher de notre église) - la partie B 216/218 à Jean Gautier dit Delamotte, Marchand demeurant au Havre. - la partie B 214/215 à Jean Baptiste Tinel, laboureur à Graimbouville.
Mais à qui appartenait cette petite ferme avant de passer dans les mains de Pierre Decaen ? Une fois encore, ce sont les aveux reçus au comté de Tancarville qui vont nous éclairer sur les propriétaires antérieurs. S’il n’est pas toujours possible de localiser les terres décrites dans les aveux, il nous faut reconnaître qu’ ici, la chance est avec nous : on trouve en effet un aveu rendu le 30 octobre 1688 par Jean Chambrelan d’Harfleur, laboureur, représentant par acquisition Jean de Masseilles escuyer sieur de la Cour Fortin, pour un héritage de 8 acres 12 perches moins (environ 4,5 ha) dont « une pièce par masure cour et closage ...
(ADSM; 1 ER 129; folio 3) « ... et plantée qu’elle est contenant le nombre de 2 acres 14 perches » « bornée d’un costé le chemin tendant de St Romain à Tancarville, d’autre costé le Sieur Hantier bourgeois du Havre et ledit Dudout ou ses représentants, d’un bout le sieur Bocquet Lieutenant de Mr le Bailly de Caux au siège du bailliage du Havre et d’autre bout la place du bourg de St Romain » [5]
A n’en pas douter, ce terrain correspond bien à notre « masure Candon », laquelle est en effet bornée vers l’ouest par la place du bourg, vers l’est par le labour C180 de la ferme Lemoine anciennement au sieur Bocquet (voir « Domaine Duval Dumanoir»), vers le sud par le chemin que l’aveu désigne par erreur comme « tendant de St Romain à Tancarville » (mais qu’un autre aveu nommera plus justement « chemin tendant du bourg de St Romain à la Maladrerie »), et enfin vers le nord par la masure de la ferme Lemoine, possession du sieur Hantier à cette époque : rappelons-nous que Charles Houssaye avait acquis en 1735, des héritiers de Jean Baptiste Hantier, une cour dans le bourg, logée et plantée , exploitée par Jean Baptiste Dudout. L'autre pièce avouée contient 5 a 3 v 14 p (soit 3,31 ha), ce qui correspond bien à nos parcelles C9 et C10 Le 12 juillet 1695 [6], le notaire s’était « transporté en la maison scise au bourg dudit Saint Romain où est décédé Charles Le Boucher... ». L’inventaire après décès énumère enclume, bicorne, marteaux, tenailles, soufflet, « et autres vieux outils de la forge ». Parmi les écritures relevées, on notera un bail sous signature privée daté du 2 mars 1695 accordé par Jean Chambrelan au défunt Charles Le Boucher pour neuf années d’un héritage à St Romain contenant 8 acres. Notre terrain étant maintenant bien défini, nous pouvons poursuivre la lecture des aveux qui le concernent : Le 24 avril 1702, aveu de Jacques Dicquemare comme tuteur principal des enfants sousage de feu Jean Chambrelan pour les pièces ci-dessus bornées . Le 24 septembre 1718, aveu de Marie Marguerite Vallée « fille mineure de feu Nicolas Vallée et de Marie Marguerite Agasse , laquelle mineure représentait par acquisition Jean Dumesnil boulanger demeurant au Havre héritier du fils mineur de feu Nicolas Dumesnil son frère qui était héritier de feu Jean Guillaume Louis Chambrelan héritier de Jean Chambrelan ». Marie Marguerite Vallée possédait encore ce domaine en 1734 Ces trois aveux sont extraits de « l’inventaire fait et dressé par moy François Léopold Belhomme, receveur du Comté de Tancarville en l’année 1734 » [7] L’aveu de Marguerite Vallée est confirmé par l’acte de vente dont Preudhomme fit lecture à l’issue de la grand messe paroissiale de Saint-Romain le 19 mai 1715 [8]:
ADSM ; 2E 91/222 ; notariat Preudhomme « Il y a lecture f(ait)e led(it) jour dix neuf de may en la parr(oisse) dud(it) St Romain de Colbosc d’un contrat passé devant Dorey no(tai)re du Roy au Havre le vingt deux de mars d(erni)er de vente f(ait)e par Jean Dumesnil à Marie Marg(ueri)te Vallée fille mineure de feu Nicolas Vallée d’un héritage assis à St Romain contenant huit acres de terre douze perches moins relevant du comté de Tancarville et tenu à ferme par Jean Lebrument … »
Mais revenons à notre aveu du 30 octobre 1688. Le receveur du Comté a eu l’heureuse idée de noter en marge : « cette pièce était anciennement en deux pièces, voyez les 15e et 16e pièces de l’aveu de Jean de Masseilles ...» Feuilletant alors le document jusqu’au folio 168, on découvre en effet un aveu rendu par un Jean de Masseilles le 13 avril 1548 de deux pièces de terre d’environ une acre chacune :
(ADSM, 1 ER 129; folio 168) Et le receveur nous confirme en marge que ces deux pièces sont possédées par Marie Marguerite Vallée en 1734 [9] Suit alors l’aveu d’un autre Jean de Masseilles, fils aîné et héritier de Gabriel de Masseilles, daté du 12 mai 1663, de deux acres de terre « anciennement en deux pièces ... » pour une pièce de deux acres plantée et édifiée, bordée d’un côté le marché de St Romain, d’autre côté le sieur Bocquet et Jean Dudout représentant Marin Beaufils, d’un bout le chemin qui part du bourg dudit St Romain à la maladrerie ... [10] L’aveu du 30 octobre 1688 était aussi complété d’une note mentionnant « laquelle pièce de terre cy-dessus ledit Chambrelan a acquise avec encore une autre pièce de terre de 5 acres 3v 14p en labour aux champs de Jean de Masseilles escuyer sieur de la Cour Fortin héritier de feu René de Masseilles escuyer sieur de Norville son oncle par contract passé devant Jean Lecomte et Charles Desvarieux nottaires gardes nottes royaux à St Romain le 10 juillet 1688 » [11]. Un autre aveu, daté du 24 avril 1702, confirme la possession de cette ferme : « aveu de Jacques Dicquemare tuteur des enfants mineurs de Jean Chambellan qui représentait par acquisition Jean de Masseilles ... de 7 acres 3 vergées 28 perches [12] L’étude de tous ces documents semble donc indiquer les propriétaires successifs suivants :
Jean de Masseilles ............................................................................1548 Gabriel de Masseilles Jean de Masseilles, esc, Sr de la Cour Fortin ....................................... 1663 René de Masseilles, esc, Sr de Norville Jean de Masseilles, esc, Sr de la Cour Fortin ................................................. ; 1688] Jean Chambrelan ............................................................................. [1688 ; 1695 ; Enfants sousage de Jean Chambrelan .................................................. 1702 Nicolas Dumesnil Jean Dumesnil Marie Marguerite Vallée, fille mineure de Nicolas Vallée .............................1718 ; puis épouse de Jean Philippe Leriche.................................................. ; 1734 ; Nicolas Vallée Marie Marguerite Leriche, fille de Jean Philippe, ép. de Pierre Decaen ................ ; 1814] (+)
Généalogies Vallée et Leriche 1. Nicolas Vallée x Marie Marguerite Agasse 11. Marie Marguerite Vallée x Jean Philippe Leriche 111. Philippe Jean Leriche b Rogerville 22.06.1737 (p : Jean Quertier ; m : Marie Anne Vallée ép. Jacques Decaens) 112. Marie Marguerite Leriche ° Rogerville 9.09. 1738 ; + Montivilliers 30.05.1814 ; x Angerville 13.10.1767 Pierre François Decaen 113. Jacques Leriche b Montivilliers 17.12.1745
Avant de poursuivre l’histoire de cette ferme, intéressons-nous un instant à cette famille de Masseilles (ou de Marcelles) qui détenait ce bien pendant au moins un siècle et demi : Les de Masseilles, sieurs de la Cour-Fortin, demeuraient en la paroisse de Saint Laurent de Brévedent. Leur titre de noblesse avait été confirmé le 10 avril 1667, et maintenu le 12 novembre 1670 avec leurs armoiries « de gueules, à la fasce échiquetée d’argent et de sable de quatre tires, accompagnée de sept fuseaux rangés d’argent [13] » Les de Masseilles possédaient entre autre de beaux domaines sur Saint-Romain et Gromesnil ; nous en reparlerons au chapitre « ferme Debray »
Après ce flash-back qui nous a fait remonter plusieurs siècles, revenons à Marie Marguerite Leriche, veuve de Pierre Decaen, qui meurt à Montivilliers le 30 mai 1814. Elle laisse comme héritiers ses quatre enfants survivants : Pierre Jacques demeurant à Cherbourg ; Marie Rose épouse de Louis Nicolas Leprettre cultivateur à St Sauveur la Campagne ; Marie Rosalie épouse de Marin Guérard cultivateur à Angerville et Aimée Adélaïde épouse de Jean Baptiste Guillaume Frébourg cultivateur à Hermeville. Une fille de cultivateur ne peut bien sûr qu’épouser un cultivateur !
Généalogie Decaen 1. François x Marie Anne Dégenétais 11. François Etienne ° 31.03.1734 ; x Angerville 23.11.1756 Catherine Heulte 12. Pierre François ° Angerville 22.01.1741 ; y +16.10.1807 ;y x 13.10.1767 Marie Marguerite Le Riche (° v 1738 ; + 30.05.1814 Montivilliers) 121. Pierre Jacques, demt à Cherbourg 122. Marie Rose x Louis Nicolas Leprettre, cult à St Sauveur la Campagne 123. Marie Rosalie ° Angerville 7.06.1777 ; y x 24.07.1808 Marin Guérard cult à Angerville 124. Aimée Adélaïde ° Angerville 12.09.1775 ; x Hermeville 30 br. XII Jean Baptiste Guillaume Frébourg cult à Hermeville
Le 6 août 1814, les héritiers Decaen mettent en vente les biens provenant des successions de leurs parents, dont la ferme de St Romain. Cette dernière sera adjugée à Jean Baptiste Noël père, ancien sergent royal au baillage de Montivilliers, procureur du Roy au grenier à sel d’Harfleur et régisseur du comte de Tancarville [14] On peut se demander pourquoi Jean Baptiste Noël effectua cet achat : il avait alors 78 ans, il possédait déjà 50 hectares sur St Romain et St Michel (voir fermes Robert et Lemoine) qu’il venait de léguer par testament un an plus tôt à trois de ses enfants, Jean Baptiste II, Benjamin, et Félicité. Un peu d’argent à placer ?
Jean Baptiste Noël meurt le 23 octobre 1818 laissant comme héritiers quatre enfants survivants (Madeleine, Alexandre, Adélaïde et Marie Agnès), et Victoire Abraham fille de feue Marie Victoire, ces cinq derniers pour 1/6 chacun, les enfants de feue Marie Rosalie se partageant le dernier sixième.
Généalogie Noël 1. Jean Baptiste, Md laboureur, Sergeant Royal au baillage de Montivillers; b SM 15.06.1736; + SR 23.10.1818 ; x Gr 27.11.1759 Marie Magdeleine Lebrument 11. Susanne Marie Magdeleine b SM 30.10.1760 ; + Sainneville 27.06.1846 ; x Epretot 12.07.1791 Charles Emmanuel Lefebvre , cult à Sainneville 12. Jean Baptiste , cult. et huissier, ° SR 24.06.1763 ; + SR 21.10.1819 ; x Villequier 9 vend. V Marie Adélaïde Bouvier 13. Marie Françoise Victoire ° SR 4.08.1764 ; + av 1818 ; x SR 26.10.1790 Jean Jacques Abraham 131. Victoire Isabelle Abraham, épouse de Jean Baptiste Augustin Lemettais pharmacien à Yvetot 14. Marie Françoise Félicité ° SR 6.11.1765 ; y + 21.11.1771 15. Alexandre Adolphe , 2e fils, ° SR 4.02.1767 ; + SR 23.02.1830, ancien cult ; 16. Marie Rosalie ° SR 5.06.1768 ; + av 1813 ; x SM 22.11.1791 Antoine Benoit Le Sage 17. Adélaïde Félicité ° SR 1.07.1772 ; x Leboullenger 18. Marie Agnès ° SR 20.01.1774 ; y x 20 Th. X Guillaume François Vallée de Prémare, propr et cult à Routot 19. Benjamin Aimé , 3e fils, ° SR 16.04.1780 ; x v 1802/03 Blacqueville Marie Anne Arson , cult à Blacqueville
Généalogie Lesage1. Antoine Benoit, Md tanneur, x SM 22.11.1791 Marie Rosalie Noël 11. Charlotte ° 17 brum. III ; + 2.02.1843 demt à Montivilliers 12. Agnès ° 20 vend V ; x Jean Baptiste Varin 13. Virginie ° 30 brum. VII 14. Amand, pharmacien à Bolbec, ° 8 flor. IX ; + 12.08.1841 15. Benjamin, cult propr à Montivilliers ; ° 18 fruc. XI ; + 24.05.1885 16. Napoléon ° 22.04.1807; + 29.07.1813
Les héritiers Noël devront vendre la ferme en 1822 suite au jugement rendu en l’audience des criées du Tribunal civil du Havre le 7.03.1822. Elle sera achetée par Jean Baptiste Charles Candon, propriétaire et cultivateur à La Remuée. L’acte d’adjudication lui donne une contenance de 4ha 53a 97ca. En 1823, la fille du nouveau propriétaire, Anne Désirée, épouse Jean Baptiste Saturnin Guéroult, ancien officier d’infanterie, chevalier de la légion d’honneur, ... qui meurt deux ans plus tard, qualifié de fabricant et cultivateur. Vraisemblablement, il habitait dans la ferme et en était l’exploitant comme en témoigne l’inventaire après décès dressé le 10 juin 1825, inventaire dans lequel figurent entre autres choses :2 chevaux dans l’écurie ; 2 vaches dans l’étable ; dans la grange, 60 gerbes de blé ; dans la grange à avoine ... ; dans la laiterie ... ; dans le cellier.... ; sous la charretrie ... ; dans la campagne : 2 ha 83 a de blé, 28 a ensemencés en seigle, 2 ha 60 a ensemencés en avoine, 56 a ensemencés en pois , 140 a en trèfle (soit un total d’environ 767 ares, ce qui signifie que notre défunt fermier exploitait aussi d’autres terres) [15] ... Le 14 mai 1832, la veuve Guéroult achète à Jean Baptiste Candon son père le terrain sur lequel est bâtie la maison qu’elle avait déjà fait construire et qu’elle habitait [16]. Jean Baptiste Charles Candon meurt en son domicile à St Romain le 18 décembre 1836 laissant comme héritiers Charles Guillaume son fils cultivateur à La Remuée et Anne Désirée, sa fille, veuve de Jean Baptiste Saturnin Guéroult, chacun pour moitié . Mais le 23 juillet 1823, devant le notaire Dubois, il avait rédigé un testament qui léguait à Marie Anne Lalouette son épouse la jouissance usufruitière de la ferme pendant la durée de sa vie. Charles Guillaume meurt le 9 décembre 1838 laissant comme héritiers sa mère Marie Anne Lalouette veuve de Charles Candon pour ¼ et sa soeur Anne Désirée veuve Guéroult pour ¾. Et la veuve Candon meurt le 2 décembre 1852 laissant alors pour seule héritière sa fille veuve Guéroult qui est donc maintenant seule propriétaire du domaine.
Généalogie Candon 1. Gabriel, laboureur, ° v 1679 ; + Trois Pierres 02.02.1745 ; x Beuzeville 4.02.1704 Marie Deschamps (° Beuzeville 17.02.1683 ; + Trois Pierres 5.11 .1751) 11. Charles Claude , cult aux Trois Pierres + av 1791 ; x Trois Pierres 8.02.1752 Marie Catherine Delarue 113. Jean Baptiste Charles, cult aux Trois Pierres ° v 1757 ; + SR 18.12.1836 ; x St Gilles 11.10.1790 Marie Anne Françoise Lalouette (+ SR 2.12.1852) 1131. Anne Désirée ° St Gilles 30 Th VI; + SR 12.08.1861 bourg; y x 11.10.1823 Jean Baptiste Saturnin Guéroult , chevalier de la lég. d’h. ; (+ SR 4.04.1825) 1132. Charles Guillaume , cult à La Remuée ; + La Remuée 9.12.1838 ; s.p.
Mme veuve Guéroult meurt le 12 août 1861. Son cousin Emile Hyacinthe Lenôtre, demeurant à Trouville Alliquerville, va en prendre possession suite au legs par préciput et hors part qu’elle avait fait aux termes de deux testaments olographes des 4.03.1844 et 11.08.1861 déposés chez Bréauté le 26.08.1861. [17] Ce même 26 août 1861, un inventaire après décès mentionne divers papiers dont les titres de propriété et la jouissance de deux maisons à Saint Romain dont une était occupée par Mme veuve Guéroult et l’autre louée à la veuve Lesueur « ainsi que d’une cour avec batiments d’exploitation rurale et d’un herbage que Mme Guéroult faisait valoir comme dépendant de son habitation , et aussi de terres en labour et bois taillis de la contenance approximative de 3 ha 42 a qui sont exploités par M. Fidelin [18] , le tout composant alors une ferme » Après cette date, il semble que cette propriété n’était plus vraiment une ferme : les parcelles C 9 et 10 en seront détachées et vendues à Charles Téterel. Il ne restera alors que les habitations, les quelques batiments d’exploitation, et un grand herbage de 57 ares. Mr Lenôtre est décédé le 1er mars 1869 sans laisser d’héritier. L’immeuble va passer dans les mains de Marie Louise Cécile Quesnel, épouse de Marie Joseph Eugène Bridoux, capitaine instructeur à l’école de cavalerie de Saumur, Mme Bridoux étant légataire universelle suite au testament olographe rédigé par Mr. Lenôtre le 1er décembre 1868 et déposé chez Maître Lenoir notaire à Bolbec le 8 mars 1869. Les nouveaux propriétaires ne semblent pas très attirés par les plaisirs de l’agriculture: les parcelles C 9 et 10 vont être vendues à Charles Téterel le 5 septembre 1887 [19]. Il ne restera alors que les habitations, les quelques batiments d’exploitation, et un grand herbage de 57 ares.
Plan de 1874 (AMSR) Le « chemin vicinal n° 6 de Gromesnil à Sotteville », actuelle rue Albert Gibet, passe entre les fermes Quesnel, Pécuchet, Lemoine. L’immeuble situé sur le terrain Pécuchet au carrefour de la route départementale était l’auberge tenue à cette date par Maximilien Bouteiller [20]
Le 24 février 1896, Marie Joseph Bridoux et Marie Louise Quesnel son épouse se proposent de vendre aux enchères la propriété de St Romain place du Havre et rue de la chapelle consistant en deux maisons d’habitation en façade sur la place, petite cour par derrière, grand herbage à la suite dans lequel se trouvent buanderie, écurie, remise et celliers. Elle est cadastrée B 237 à 246 pour une contenance totale de 1ha 10a 40ca, et est louée pour partie au Dr Pierre, et pour partie à M. de Bazillac receveur d’enregistrement [21] L’adjudication, n’ayant pas trouvé preneur, est reportée à une date ultérieure. Finalement, le 25 juin 1896, le domaine sera vendu en deux lots , chaque acquéreur prenant l’une des maisons d’habitation et une partie des dépendances. Un lot sera adjugé à Ovide Pierre, docteur en médecine, l’autre à Jules Hippolyte Collet qui aura aussi l’herbage.
La « Place du Havre » se nomme maintenant « Place des Anciens Combattants ». En 1921, quelques arbres disparaîtront pour permettre l’érection du monument aux morts. (ADSM; 2E 22/169; notariat Chollet à Bolbec) Parcellisation du domaine « Candon-Guéroult » :
En 1906, la partie possédée par le Docteur Pierre sera mise en adjudication. Suite au cahier des charges du 12 août 1906, elle sera acquise le 31 août 1906 [22] par Pierre Emile Lefebvre demeurant à Paris. Ce dernier meurt à La Coulonche (61) le 2 mai 1910 laissant pour seul héritier son fils Pierre Georges Lefebvre, lequel décède à La Coulonche le 25 juillet 1913 sans postérité. Léontine Rosalie Granger veuve de Pierre Emile devient alors seule propriétaire. Par actes sous seing privé des 18 juin et 15 juillet 1917 [23], la veuve Lefebvre vend son bien à Jean Henri Odièvre, cultivateur à Rouville. Ce dernier, grainetier et éleveur, achètera en 1920 quatre hectares de terres à Albert Leberquier dans le secteur de la maladrerie. Son fils Henri Odièvre, qui possédait déjà quelques terres vers la Croix Leterque et la Mare des vallées, héritera de son père, portant la contenance de ses biens à plus de 7 hectares. En outre, il sera maire de notre commune de 1953 à 1977. Généalogie Odièvre A. Jean Henri ° Goderville 1874 ; x Jeanne Madeleine Lemonnier A1. Jeanne Marie ° Goderville 1899 A2. Henri Louis Albert ° Rouville 13.12.1902 ; x Geneviève Marie Louise Delehedde (° Paris 23.04.1906) A21. Michel Marie Pierre ° SR 8.09.1930 A22. Odile Thérèse Bernadette ° SR 30.12.1931 A23. Geneviève Denise Louise ° SR 24.11.1932 A24. Philippe Henri ° SR 19.11.1933 A25. Annie Jeanne Yolande ° SR 21.01.1938 A26. Marie Chantal Madeleine Odile ° SR 5.10.1941 A3. Marcel ° Rouville 1903 ; x SR 17.01.1928 Denise Antoinette Albertine Baudu A4. Albert Marie Pierre ° Rouville 16.12.1907 ; x SR 15.07.1930 Yolande Alice Langevin (° St Vaast Dieppedalle 22.08.1908) A5. René Pierre ° Rouville 1909 ; x SR 26.01.1939 Jeanne Vincent
Quant à l’autre partie de la ferme Candon, elle sera acquise le 8 décembre 1906 [24] par la famille Cottard : Albert Hippolyte pour la nue-propriété et Alfred, qui avait épousé une soeur de Jules Collet, pour l'usufruit . En 1927, Pierre Cottard fils d’Albert sera seul propriétaire. En 1933, il achètera 7ha et demi de terres au Comte Ernest D’Hardivilliers sur le secteur d’ Amontot (C 58p, 60p, 61), et en 1939, 1ha 70 à Marcel Boivin vers la mare des Courlis (C 324), reconstituant ainsi une ferme de plus de 9 hectares.
Généalogie Cottard1. Pierre ° Montivilliers 18.04.1793 ; + St Aubin 29.05.1872 ; y x 4.02.1830 Constance Elisabeth Frébourg 11. Pierre Antoine Alphonse *, cult. herbager, ° St Aubin 28.12.1830 ; + SR 20.12.1894 ; x St Aubin 11.07.1855 Laure Rose Marical 12. Gustave Henri Alfred , cult à St Aubin, ° St Aubin 19.09.1837 ; x SR 25.09.1860 Céline Léopoldine Collet pl du Havre 1904/1909 121. Alfred Pierre Léopold , négociant au Havre,° v 1861 ; 122. Marie Valentine ° St Aubin 7.02.1869 ; x SR 6.09.1904 Anthime Alphonse Victorin Robiliard 123. Albert Hippolyte, cult à St Aubin ° v 1871 ; x St Vincent 24.04.1900 Marguerite Louise Drouet 1231. Pierre Charles ° St Aubin 1.07.1902; + Le Havre 2.08.1945 ; x Le Havre 8.11.1926 Lucile Blanche Elisa Victorine Calle 12311. Thérèse Lucile Blanche Marguerite ° SR 1928 12312. Marguerite Marie ° SR 1930 12313. Christine Isabelle ° SR 1933 x Bourreau 12314. Jean Pierre Alcide Albert Joseph ° SR 1939; * Pierre Antoine Cottard exploitait, de 1855 à 1892, la ferme de Germain Méneust située sur la route de Lillebonne, ferme qui sera plus tard exploitée par Louis Dubuc puis par son fils Maurice Dubuc. (Voir "Ferme Dubuc")
Odièvre, Cottard, deux familles de grainetiers qui feront construire sur le bord de la rue de la Chapelle (maintenant rue Albert Gibet) des hangars pour stocker grains et engrais. Urbanisation quand tu nous tiens ... Ces bâtiments vont disparaître pour faire place à de nouveaux logements.
L’urbanisation de la ferme Candon (Cadastre de 2005)
dernier hangar de la graineterie ; dernier regard avant disparition. On remarquera la porte coulissant sur rail et dont la base, à hauteur de camion ... ou de charrette, facilitait le déchargement des sacs.
Propriétaires successifs après 1807: avant : voir plus haut Pierre François DECAEN (° 1741 ; x Marie Marguerite Le Riche) .............. 1777 ; 1807] (+) Marie Marguerite LE RICHE (° v 1738 ; veuve Decaen) ....................... [1807 ; 1814] (+) Jean Baptiste NOËL (° 1736 ; x Marie Madeleine Lebrument) .................[1814 ; 1818] (+) Héritiers NOËL ............................................................................ [1818 ; 1822] Jean Baptiste Charles CANDON (° v 1757 ; x Marie Anne Lalouette) .......[1822 ; 1836] (+) Charles Guillaume et Anne Désirée CANDON ...................................... [1836 ; 1838] Marie Anne LALOUETTE et Anne Désirée CANDON ...............................[1838 ; 1852] Anne Désirée CANDON (° 1799 ; veuve Guéroult) ...............................[1852 ; 1861] (+) Emile Hyacinthe LENÔTRE ............................................................. [1861 ; 1869] (+) Marie Joseph BRIDOUX (x Marie Louise Quesnel) .................................[1869 ; 1896] Ovide PIERRE et Hippolyte COLLET chacun pour partie Exploitants successifs :Jean LEBRUMENT ...........................................................................1715 ; Pierre Louis FEREY (° 1691 ; x Marie Roger ; xx M. Catherine Godfroy) .....1737 ; 1741] (+) Pierre Nicolas FERAY (° 1720 ; x Marchand ; xx Lefebvre ; xxx Liot ; xxxx Delaporte) .................................................. 1760 ; 1779] (+) Charles Félix Constantin FERAY (° 1787; x Véronique Bunel)...................... ; 1811] (+) Véronique Euphrasie BUNEL (° 1788; veuve Féray) ...............................[1811; 1813] Adrien Drausin LE MANSOIS (° v 1787 ; x Véronique Bunel) ....................[1813; 1814 ; Jean Bte Saturnin GUEROULT (° 1787 ; x Anne Désirée Candon) .............;1823 ; 1825] (+) Anne Désirée CANDON (° v 1798 ; veuve Guéroult) .............................[1825 ; 1861]FIDELIN .....................................................................................; 1861 ; 1879;
[1] ADSM. 2E 91/238 ; notariat Dubois [2] On a peine à imaginer une forge située sur la place des Anciens combattants, à l’emplacement des anciennes boutiques Lautridou ou bourrellerie Lambert. (Voir « Saint-Romain-de-Colbosc ; son histoire, ses foires et marchés », du même auteur, Editions Bertout. Ledit auteur ignorait alors qu’une forge résonnait à cet endroit.) [3] ADSM. 2E 91/185 ; notariat Preudhomme [4] ADSM. 2E 91/241 ; notariat Dubois [5] ADSM. 1 ER 129, folio 3 et 1 ER 212 cote 19 [8] ADSM. 2E 91/222; notariat Preudhomme [9] ADSM. 1 ER 129, folio 168 [10] ADSM. 1 ER 129, folio 171 [11] Hélas, les archives départementales ne possèdent pas ce document notarié qui nous aurait intéressé. [12] ADSM. 1 ER 204 folio 1 [13] Nobiliaire universel de France ou « Recueil général des généalogies historiques des maisons nobles de ce royaume » par Nicolas Viton de Saint-Allais Nicolas (Bibl. nationale) [14] ADSM. 2E 91/287 ; notariat Dubois [15] ADSM. 2E 91/308 ; notariat Dubois [16] Notariat Marion à Bolbec [17] ADSM. 2E 90/71 ; notariat Bréauté [18] Il y avait à St Romain plusieurs Fidelin, des tailleurs, des voituriers, un aubergiste (qui tenait l’hôtel du nom de Jésus), mais j’ignore qui était ce Fidelin, exploitant de la ferme. [19] ADSM ; 2E 22/152 ; notariat Chollet à Bolbec [20] « Saint-Romain-de-Colbosc, son histoire, ses foires et marchés, son bourg et ses commerçants » du même auteur, éditions Bertout [21] ADSM. 2E 22/169 ; notariat Chollet à Bolbec [22] Office notarial de l’estuaire à St Romain ; notariat Roussel
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