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A8. Ferme du château de Saint-Michel
Deux jours avant la prise de la Bastille, le 12 juillet 1789 [1] , « Jean Bte Benjamin Plaimpel écuyer Sieur de Valsemont, ancien officier d’infanterie demt en la ville du Havre de grâce, psse de Notre-Dame, fils puisné et héritier de feuë noble dame Jeanne Marguerite Thorel Demaisons et de feu Messire Jean Bte Plaimpel écuyer, en son vivant lieutenant général civil et criminel de l’amirauté de ladite ville du Havre et autres lieux ... » vend à Messire Louis Conradin de Flammare ancien commissaire général de la marine demeurant au chateau de St Aubin des cercueils, une ferme et héritage à Saint Michel contenant 36 acres (soit plus de 20 hectares) tant en masure bâtie de maison de maître, maison de fermier et autres batiments avec toutes ses dépendances y compris une portion de masure tenue par Guillaume Pimare – il s’agit de la fermette que nous appellerons « ferme Caillebotte » - qu’en terre labourable. La grande ferme est occupée par Nicolas Lelièvre, et la maison de maître par le vendeur.
Cette ferme, que les actes et plans désignent sous le nom de « château de Saint Michel », était déjà dans la famille Plaimpel en 1780, date de l’élaboration du terrier de Saint Michel qui l’attribue à « Madame de Plaimpel », sans doute Jeanne Marguerite Thorel.
Généalogie Plaimpel (ou Plainpel) 1. Nicolas, conseiller du roi, x Anne Grenier 11. Louis Adrien, écuyer, conseiller du roi, avocat au bailliage du Havre, ° v 1683 ; + Le Havre 25.04.1767 ; x Ingouville 24.03.1706 Esther des Pommares de Malleville 111. Jean Baptiste, écuyer, conseiller du roi, lieutenant général en la marine, seigneur de Heuqueville ° Le Havre 13.09.1720 ; y (+) 12.09.1776 ,chapelle St Sébastien à N. D. ; x Jeanne Marguerite Thorel de Maisons ((+) Le Havre 1.02.1789) ... 1117. Jean Baptiste Benjamin , écuyer, sieur de Valsemont, b Le Havre St François 2.02.1760 ;
Ce vaste domaine dépendait de plusieurs seigneuries ; l’acte de vente oblige en effet l’acquéreur à avouer la principale masure et 6 acres de terre à l’abbaye de St Georges de Boscherville, 9 acres en labour au fief de Mesniltade [2], la masure occupée par Pimare avec 4 acres aux fiefs de Beaucamp et de Gromesnil, quelques parcelles étant de mouvance inconnue.
Mais qui détenait cette propriété avant la famille Plaimpel ?
Le « papier terrier d’une extension du fief de St Georges de Boscherville dans les paroisses de St Romain de Collebosc, Eprestot, Grosmesnil, St Michel... » [3] daté de 1723 cite « Messire Charles Mésenguel, conseiller du Roy, Vicomte de Montivilliers, fils et héritier du Sieur Pierre Mésenguel qui représentait par acquisition le Sr Jean François Hérault fils de Louis Hérault dont aveu du 26 juin 1671 » pour une pièce de terre en masure contenant six acres (environ 3,4 ha) et dont le bornage ne peut laisser de doutes : elle est dite bornée d’un côté par le manoir presbitéral de St Michel et par François et Richard Delaune, d’autre côté par la sente tendant du château Robert à St Romain, d’un bout par la chaussée allant d’Harfleur à Lillebonne et d’autre bout par la sente tendant du château Robert à St Romain et la terre possédée par Richard et François Delaune.
Généalogie Mésenguel E. Pierre x Montivilliers 29.02.1672 Jeanne Geffre (veuve de Nicolas Richart) E1. Charles b Montivilliers 13.12.1672 (p : Charles Néel, commis aux tailles ; m : Marie Démonds) E2. Jeanne ° v 1675 ; x Montivilliers 15.05.1691 Louis Lavesne (fils Nicolas)
Généalogie Hérault1. Louis (Messire) x Catherine Mennesier 11. Jean François, avocat, bourgeois de Rouen, b Le Havre N.D. 31.10.1673 (p : Messire Jean Lechevalier ; m : Françoise Mennesier) ; + SM 21.10.1706 ; (+) église ; x Grom. 6.08.1703 Marie Anne Mannouri
La ferme du Château de St Michel, au moins en partie, avait donc appartenu aux propriétaires suivants : Louis Hérault , Jean François Hérault, Pierre Mézenguel, Charles Mézenguel. Ce domaine était exploité à cette époque par Jean Lemoine comme en témoigne un inventaire après décès : le 13 octobre 1739, pour dresser l’inventaire après décès « de Jean Lemoine vivant laboureur demeurant en la paroisse de St Michel du Haisel ... », le notaire s’était « transplanté en ladite parroisse de St Michel sur l’héritage appartenant à Mr Mésenguel Vicomte et Lieutenant général de police à Montivilliers que tenait à loyer ledit Lemoine et où il est décédé ... » [5]. L’inventaire mentionne un bail « fait par ledit Sr Mésenguel de sondit héritage de St Michel audit deffunt Lemoine » pour 9 ans à commencer de 1727 [6], et un autre à commencer en 1736 « y compris plusieurs portions de terre nouvellement acquises ». Charles Mésenguel avait en effet acquis le 5 mai 1732 [7] de Charles Lemercier « cinq acres de terre en labour plants et brinques assises en la parr. de Gromesnil à prendre en plus grande pièce attenantes à celles de l’héritage dud. Sr Mésenguel tenues par le nommé Fauquet ... »
Généalogie Lemoine 1. Jean x St Jean d’Abbetot 30.10.1696 Marie Delahais 11. Jean, lab , ° v 1699 ; + SM 6.10.1739 ; x SM 14.07.1733 Marie Maignard 111. Marie Marguerite b SM 26.08.1734 ; y + 14.09.1740 12. Pierre 13. Marie ° v 1711 ; + SM 17.10.1730
Généalogie Maignard 1. François x Jeanne Lemaistre 11. Nicolas x Bolbec 16.06.1693 Marie Hue (de Bolbec) 111. Marie x SM 14.07.1733 Jean Lemoigne
Mais comment cet héritage passa-t-il de Charles Mésenguel à Jean Baptiste Plaimpel ? On trouve dans le terrier du Valasse [8], concernant une terre au hameau d’enfer, un aveu du 29 août 1768 de « Messire Jean Baptiste Plaimpel ayant épousé noble dame Marguerite Jeanne Thorel de Maisons nièce et héritière de Pierre Louis Lavesne lequel représentait au droit successif Maître Charles Mézenguel » . Il y aurait donc bien un lien familial entre Charles Mésenguel et Jean Baptiste Plaimpel. Ce lien est mis en évidence par les tableaux suivants :
Généalogie Lavesne1. Nicolas 11. Louis ° v 1661 ; x Montivilliers 15.05.1691 Jeanne Mésenguel 111. Pierre Louis ° Montivilliers ; x Harfleur 11.02.1725 Marie Catherine Bracquehayes 112. Marguerite ° Montivilliers ; x Montivilliers 4.08.1718 Jean Baptiste Thorel 1121. Jeanne Marguerite Thorel
Généalogie Thorel A. Jean Baptiste x Marie Anne Reaulte A1. Jean Baptiste ° Rouen (St Ouen) ; x Montivilliers 4.08.1718 Marguerite Lavesne A11. Marie Anne b 22.05.1719 A12. Jeanne Marguerite ° Montivilliers (St Germain)12.04.1720 ; + Le Havre 2.02.1789 ; x Jean Baptiste Plainpel conseiller du Roy A13. Marguerite + 21.03.1725
Jeanne Mésenguel était la sœur de Charles Mésenguel. Le domaine aurait alors été transmis à Jeanne, puis à son fils Pierre Lavesne puis à Marguerite Thorel nièce de Pierre Lavesne et épouse de Jean Baptiste Plaimpel. Avant la révolution de 1789, les propriétaires successifs semblent donc avoir été les suivants :
Louis HÉRAULT (x Catherine Mennesier) ............................................... ; 1671 ; Jean François HÉRAULT (° 1673 ; x Marie Anne Manoury) ....................... ; + 1706] (+) Pierre MÉZENGUEL (x Jeanne Geffre) .....................................................[1706 ; Charles MÉZENGUEL (° 1672) ............................................................... Jeanne MÉZENGUEL (° v 1675 ; x Louis Lavesne) Pierre Louis LAVESNE (x Marie Catherine Bracquehayes) ............................. Jean Baptiste PLAIMPEL (° 1720 ; x Marguerite Jeanne Thorel) ................... 1768 ; 1776] (+) Marguerite Jeanne THOREL (° 1720 ; veuve Plaimpel) .............................. [1776 ; 1789] (+) Jean Baptiste Benjamin PLAIMPEL (° 1760) ............................................ [1789 ; 1789] Louis Conradin de FLÉMARE .................................................................[1789 ;
Revenons en 1789. Monsieur de Flammare acquiert le domaine, mais il n’en restera pas longtemps propriétaire : le 3 décembre 1790, il vend cette ferme à Laurent Raphael Maugras, capitaine de navire demeurant au Havre. La grande masure et les labours sont toujours tenus par Nicolas Lelièvre, la petite masure par Guillaume Pimare, mais la maison de maitre est maintenant occupée par l’abbé Desouché [9]. Laurent Maugras va bientot devenir un gros propriétaire foncier: il va se rendre acquéreur d’une autre grande ferme sur la vieille route au hameau d’Amontot (voir « ferme Dubuc ») dont la presque totalité, plus de 18 ha, appartenait avant la révolution au Collège de Rouen, collège de Jésuites fondé en 1592 qui deviendra ... notre actuel Lycée Corneille. Tous les biens de cette congrégation furent confisqués par l’état en 1793 et vendus comme biens nationaux. La ferme qui nous intéresse ici fut achetée le 24 juillet 1793 par Laurent Raphaël Maugras aux administrateurs du district de Montivilliers. Notre riche propriétaire quittera alors Le Havre, viendra habiter dans cette ferme d’Amontot, et deviendra maire de Saint Michel en l’an III de la république. Nicolas Lelièvre meurt le 25 avril 1806. Son épouse Marie Anne Daniel va assurer l’exploitation pendant deux ans et le 29 mars 1808, Laurent Maugras va accorder un bail de 6 années à Pierre Durand. Laurent Maugras meurt le 9 avril 1813 à Saint Michel, laissant trois filles comme héritières chacune pour 1/3 : Laurence Anastasie épouse de Jean Michel Duchemin, Françoise Henriette épouse de Hyacinthe Donat, et Adèle Bérénice épouse de Charles Vimont. Il semble que la veuve gardait l’usufruit du domaine.
Généalogie Maugras 1. Christophe + av 1798 ; x Catherine Antoinette Frémont (de Paris) 11. Laurent Raphael, maire de SM en l’an III ; ° Paris v 1746 ; + SM 9.04.1813 ; ancien cap. de navire x Ingouville 19.04.1788 Anne Dorothée Tholmer 111. Laurence Anastasie b SM 29.10.1792 ; + Le Havre 10.03.1886 ; x SM 14.10.1811 Jean Michel Duchemin 112. Narcisse Clémentine b SM 11 niv. II (31.12.1793) ; y + 11 mess X. 113a. Fany (ou Françoise) Henriette b SM 2 niv. V ; x Hyacinthe Thomas Donat 113b. Adèle Bérénice b SM 2 niv. V ; x Charles Bonaventure Vimont, avocat 12. François Narcisse, ° Paris, ancien Lieutenant de frégate, capitaine de navire à Harfleur, x SR 20 mess. VII Anne Marthe Dorothée Tibon
Le 22 décembre 1829, les enfants décident de vendre la propriété par licitation. Elle est alors adjugée à Laurence Maugras qui demeurait au Havre [10].
Plusieurs acquisitions vont permettre d’agrandir progressivement le domaine : Le 5 janvier 1839, Laurence Maugras, veuve Duchemin, rachetait à Anne Marthe Dorothée Tibon veuve de François Maugras deux pièces de terre situées sur la section de Gromesnil , cadastrées E 40 et 48, pour une contenance de 1ha 70a 20ca [11]. Ces pièces appartenaient auparavant à la veuve de Laurent Maugras qui les avait acquises de Henriette Dérubé épouse de Louis Lependry le 15 novembre 1817 [12] Le 22 février 1842, elle achetait à Marie Henriette Leroux, épouse de Dominique Richer, une cour édifiée d’une maison composée de deux demeures occupées à cette époque par la veuve Pierre mallet, Edouard [ ? ] , et la veuve Rouvier cadastrée D 217 à 221 d’une contenance de 18a 10ca [13]. Il s’agit de la ferme « Michel 4 » classée au chapitre "Ferme Durande-Hanin". Cette petite ferme avait été achetée à Louis Aimable Lallemand en 1837 [14] , lequel l’avait acquise d’Alexandre Noël en 1823 [15]. Le 10 juin 1864 , elle prendra aussi possession d’une petite ferme, que nous appellerons « ferme Caillebotte », suite à l’adjudication qui sera prononcée en sa faveur [16]. Il s’agit de la cour masure D 151 à 153 et des terres E 91 et 92. (voir Ferme Caillebotte) Pendant 57 ans, Mme Maugras vve Duchemin aura régné sur ce domaine. Elle meurt en 1886 laissant pour seules héritières chacune pour 1/3 ses 3 petites filles : Laurence Duchemin veuve Chambert, Françoise Duchemin épouse Landais et Alexandrine Duchemin épouse Duval.
Généalogie Duchemin 1. Michel Amand x Marie Rosalie David 11. Jean Michel ° Le havre 29.11.1784 ; x SM 14.10.1811 Laurence Anastasie Maugras 111. Amand Auguste 1111. Laurence Victoire Marie x François Nicolas Brault ; xx Jules Chambert 1112. Françoise Madeleine Augustine x Joseph Léon Landais 1113. Alexandrine Marthe Jeanne x Adrien Marie Georges Duval Le partage est effectué le 3 novembre 1886. Parmi les nombreux biens à partager, l’article septième de l’acte notarié concerne cette ferme de Saint Michel consistant en 1°) une cour masure au nord du chemin de Gromesnil avec plusieurs batiments d’exploitation et d’habitation occupée par MM. Aubert fermier, De Bazillac, Schreker et Malleville , cadastrée D 156 à 187 et 324 contenant 4ha 11a 84ca 2°) 2 pièces de terre traversées par un chemin , au nord du corps de ferme, cadastrées E 48, 93, 94, 154 , 157, 246 contenant ensemble 8ha 3a 95ca 3°) un corps de ferme à la suite de ces pièces de terre au bord du chemin GC 80 cadastré 151, 151 bis, 152, 153 contenant 17a 65ca (il s’agit de la « ferme Caillebotte ») 4°) 2 pièces à la suite séparées par un chemin cadastrées E 91 et 92 contenant ensemble 1ha 61a 85ca (plus le chemin, de 55ca, maintenant cadastré E 251, qui avait été aliéné par la commune le 20 octobre 1882) 5°) au sud du chemin de Gromesnil, une grande pièce cadastrée 97, 188, 217/ 221, 318 et 322 contenant 11ha 33a 99ca 6°) à l’est du chemin GC, une fûtaie sur l’emplacement de l’ancien cimetière de St Michel cadastrée E 199 et 200 pour 11a 90ca 7°) 2 pièces cadastrées E40 et 50 contenant 2ha 35a soit un total de 27ha 76a 18ca La ferme sera attribuée à Laurence Victoire Duchemin veuve de François Brault puis de Jules Chambert, demeurant à Paris [17].
Le fermier Pierre Edouard Aubert exploitait déjà cette belle ferme depuis 1864, ayant succédé à Frédéric Leprettre. Il va gérer le domaine pendant trente années, jusqu’à son décès survenu en 1894. Encore une grande famille de cultivateurs : son frère puisné Hilaire exploita, de 1860 à 1866, une ferme située à l’entrée du hameau d’enfer (que nous appellerons « ferme Thérèse Bertin »), et Célestin Lahalle, époux de sa jeune soeur Clarisse, prit la succession de son beau-frère de 1867 à 1875. Quant à Alexandre, le fils d'Hilaire, on le verra propriétaire de la ferme Poupel en 1927.
Généalogie Aubert 1. Pierre Julien x Victoire Suzanne Deschamps 11. Pierre Edouard, cult, ° Gainneville 26.05.1826; + SR 3.07.1894; conseiller municipal x Rogerville 13.06.1848 Eugénie Rosalie Caillebotte (+ SR 16.10.1865) 12. Hilaire Aldric ° 5.06.1832 ; + Oudalle 31.07.1873 ; x Oudalle 22.06.1858 Aglaé Alexandrine Poulain 121.Alexandre Hilaire ° SR 4.12.1861; x Oudalle 9.07.1889 Marie Catherine Anastasie Capelle 13. Clarisse Léocadie ° Rogerville 14.07.1836 ; + SR 15.02.1909 rue hôtel de ville ; x Oudalle 14.06.1865 Célestin Charles Lahalle (+ SR 27.04.1906)
Détail des masures :
La maison du fermier
le pavillon qui n’est plus inclus dans la ferme
Madame Chambert, la nouvelle propriétaire, va rapidement se séparer de la « ferme Caillebotte » : dès le 30 avril 1887, elle va lotir les parcelles E 91, 92, 251 en vendant par adjudication ce terrain de 1ha 62a 40ca , en douze lots séparés par un chemin dont chaque adjudicataire aura la propriété de la moitié. Ce chemin allait devenir « l’allée de Seine » [18] Les acquéreurs étaient des commerçants ou des artisans, tous de Saint-Romain hormis la veuve Métivier : Joseph Letendre, quincailler (1035 m²) Henri Agasse, horloger-bijoutier (421 m²) Rose Catherine Lepaon veuve Métivier, propriétaire demeurant à Bolbec (421 m²) Jules Lemercier, quincailler (970 m²) Frédéric Duparc, marchand de chaussures (818 m²) Angelo Zago, peintre en batiment (936 m²) Gustave Gand, boulanger (818 m²) Pascal Casimir Lemétais, épicier (2597 m² pour 3 parcelles) Clémence Vinant veuve Durosay, épicière (818 m²) Louis Jean Bouju, docteur (863 m²) Albert Bouvier, entrepreneur de maçonnerie (818 m²) Un mois plus tard, le 9 juin 1887, elle vendait aussi par lots une bande de terre un peu plus au sud, de 4134 m² dont les acquéreurs allaient être les suivants : Henri Agasse pour 137,5 m² Veuve Métivier pour 262,5 m² Frédéric Duparc, Emile Duménil, veuve Durosay et Albert Bouvier pour chacun 624 m² Casimir Lemétais pour 1238 m². Une clause particulière stipulait que les nouveaux propriétaires devaient établir au sud de leur parcelle un chemin de 2,50 m de largeur « à partir du chemin d’exploitation restant appartenir à la venderesse, pour finir à l’extrémité SE de la parcelle achetée par Lemétais » [19]. C’est l’origine de la deuxième impasse de Seine.
La parcellisation de ces terrains allait permettre la construction d’un certain nombre de batiments ou de pavillons individuels dont certains ont laissé dans la pierre un témoin de leur édification . Citons-en quelques-uns : A l’entrée de la première impasse, Joseph Letendre utilisa son espace pour entreposer matériaux et machines. Je me souviens encore des inscriptions écrites sur le mur qui protégeait ses hangars le long de la rue Sylvestre Duménil, face au talus de la ferme Duboc: « FERS ET CHARBONS - MACHINES AGRICOLES - QUINCAILLERIE »
En face de ces deux pavillons, sur la parcelle 10 qu’il possédait, et sur la parcelle voisine achetée à la veuve Durosay, M. Bouvier construira une alignée de 8 appartements . Petite cité de logements sociaux ?
Cette maison sera achetée le 16 avril 1923 par Louis Chiffray, mon grand-père, jardinier de son état, et expert pour tailler les houx qui faisaient sa fierté de chaque côté de la barrière.
Le 2 août 1887, Madame Chambert se débarrasse du reste de la ferme Caillebotte, « une cour masure de forme triangulaire édifiée de maison d’habitation et d’un autre batiment plantée intérieurement de pommiers entourée de deux côtés par des fossés plantés d’arbres de haute futaie cadastrée D151, 152, 153, 151bis pour une contenance de 17a 65ca» [21]. Ce petit domaine est vendu à Maximilien Bouteiller, restaurateur qui régnait sur l’auberge qui deviendra « Hôtel de la Bonne Société ». Après sa mort survenue le 11 mai 1902, la ferme appartiendra à sa veuve née Gabriel Gentil . Et le 4 février 1919 [22], la veuve Bouteiller vendra la nue propriété à Henriette Lebrun fille de Georges Lebrun ... qui avait succédé à Bouteiller comme hôtelier de la « Bonne Société ». La maison fut détruite par un incendie en 1907 et reconstruite. Revenons à notre grande ferme du Château de Saint-Michel. Le 20 décembre 1918 [23], Laurence Duchemin veuve Chambert vend la ferme à Eugène Joseph Pellot demeurant à Sainte-Adresse. Ce nouveau propriétaire va agrandir son domaine par deux acquisitions : Le 31 mars 1919 [24], il achète quelques parcelles au sud de la ferme (D189, 190, 202, 222) totalisant 4ha 77ca. Ces terres faisaient partie de la ferme de Saint Michel exploitée par Eugène Lenormand (voir « N1. Ferme Hanin »). Elles seront louées à Arcade Henri Polet de Sainneville par bail enregistré en octobre 1924 prolongé de 3 ans pour la période 1930 à 1933. Et le 3 mars 1926 [25], il achète à Clémence Leber la parcelle E49 de 71a 50ca (voir « Q3. Domaine Dérubé ») qui sera louée à Vincent Latteur par un bail de 12 années passé le 21 juin 1922 [26] . Joseph Pellot meurt le 26 mars 1930 laissant pour héritiers ses quatre enfants (dont Jean Marie Pellot, notaire à St Romain). Généalogie Pellot 1. Jean de Dieu x Ste Adresses 1.10.1850 Antoinette Eugénie Berryer 11. Joseph Eugène ° Ste Adresse 20.10.1851; y + 26.03.1930 ; x Paris 1875 Marie Gabrielle Carron 111. Anne Marie Gabrielle ° 14.05.1877 ; 112. Marie Caroline ° 1.04.1879 ; 113. Jean Marie Jules , notaire, ° Ste Adresse 26.02.1882 ; x Geneviève Juliette Marie Marguerite Deverin (° Le Havre 14.08.1892) 1131. Hélène Geneviève Marie Eugénie ° SR 15.12.1922 ; 1132. Michèle Elisabeth Marie Laure ° SR 27 .07.1924 ; 1133. Claude Denise Marie Françoise ° SR 27.09.1926 ; 1134. Magdeleine Jeanne Marie Louise ° SR 24.09.1928 ; 1135. Christiane Marie Pierrette Françoise ° SR 5.07.1932 ; 114. Genevièce Marie Thérèse Micheline ° 24.05.1886 ;
Les consorts Pellot vont mettre l’héritage en vente. Par contrats passés les 25 septembre et 24 décembre 1930 [27], c’est Paul Charles Prosper Leprettre, qui exploitait la ferme de la Morinerie à La Cerlangue, qui va s’en rendre acquéreur mais qui va très vite l’échanger avec Louis Leberquier qui, justement, possédait la ferme de la Morinerie. L’échange va être effectué le 26 janvier 1931 [28] : Louis Leberquier abandonne la Morinerie, ferme de 30ha 08a 41ca, et prend possession de la ferme du château de Saint Romain aussi d’environ 30ha. A la mort de Louis Leberquier survenue le 12 octobre 1940, la propriété restera dans les mains de sa veuve née Ernestine Bretteville.
Fragment d’un plan de 1930 (Coll. G. Legay)
Une partie de la ferme fut détachée en 1939 pour André Picard. Il s’agit de la maison d’habitation et d’une partie du terrain environnant, en tout 3690 m2. En 1948, cette partie deviendra propriété de Marius Martin, mécanicien à St Romain
La chaumière de la masure ne disparut qu’après la seconde guerre mondiale. Il s’agit de la maison cadastrée D 170
Pierre Aubert avait géré cette ferme pendant plusieurs décennies . Après sa mort survenue en 1894, les terres seront exploitées par Joseph Henri Legay puis Maurice son fils. Et après un intermède Leclerc, c’est à nouveau la famille Legay qui s’occupera de la ferme grâce à Isabelle, fille de Georges, et à son époux Jérôme Villers. Hélas ! L’urbanisation est en marche ... et cette belle ferme risque de disparaître à son tour. Un projet de 200 logements avait été élaboré qui devait faire disparaître 15 hectares de terres. Il semble que ce projet soit pour le moment abandonné.
Plan des constructions prévues, publié dans « Info Saint-Romain » n° 31 de janvier 2006 (Projet devenu caduque suite aux nouvelles intentions d'implanter un ensemble médical et un groupe scolaire)
Et maintenant? Un ensemble scolaire ? Une route élargie ? Un rond-point sécurisant ? ... L'avenir apportera les réponses.
Propriétaires successifs : Louis HÉRAULT (x Catherine Mennesier) .........................................................; 1671 ; Jean François HÉRAULT (° 1673 ; x Marie Anne Manoury) ......................... ; 1706] (+) Pierre MÉZENGUEL (x Jeanne Geffre) .....................................................[1706 ; Charles MÉZENGUEL (° 1672) .................................................................. Pierre Louis LAVESNE (x Marie Catherine Bracquehayes) ................................... Jean Baptiste PLAIMPEL (° 1720 ; x Marguerite Jeanne Thorel)................... 1768 ; 1776] (+) Marguerite Jeanne THOREL DE MAISONS (° 1720 ; veuve Plaimpel) .............[1776 ; 1789] (+) Jean Baptiste Benjamin PLAIMPEL (° 1760) ............................................[1789 ; 1789] Louis Conradin DE FLAMMARE.............................................................. [1789 ; 1790] Laurent Raphaël MAUGRAS (° v 1746 ; x Anne Tholmer)............................[1790 ; 1813] (+) Mmes Duchemin, Donat, Vimont, nées MAUGRAS......................................[1813 ; 1829] Laurence MAUGRAS (° 1792 ; x Jean Michel Duchemin ..............................[1829 ; 1886] Laurence DUCHEMIN (x Joseph Chambert)...............................................[1886 ; 1918] Eugène Joseph PELLOT (° 1851; x Marie Carron)......................................[1918 ; 1930] (+) Paul Charles LEPRETTRE (° 1878; x Alphonsine Hébourg) ...........................[1930 ; 1931] Albert Louis LEBERQUIER (° 1869; x Ernestine Bretteville) ..........................[1931 ; 1940] (+) Ernestine BRETTEVILLE (° 1869 ; veuve Albert Leberquier)........................ [1940 ; RENAULT- LEBERQUIER. .................................................................. ; v 1970] Georges LEGAY (° 1931; x Bernadette Petiton)......................................[v 1970 ;
Exploitants successifs : Jean LEMOINE (x Marie Maignard) ..........................................................1727 ; 1739] (+)Nicolas LELIEVRE (° v 1740 ; x Marie Anne Daniel) ....................................1789 ; 1806] (+)Marie Anne DANIEL (° v 1748; veuve Lelièvre) .........................................[1806; 1808]Pierre DURAND ...................................................................................[1808; 1814Louis Thomas LEPRETTRE, boulanger et cult(° 1759 ; x Anne Pimare)................. ; 1826] (+)Frédéric Edmond LEPRETTRE (° 1799 ; x Françoise Gilles) ...........................1831 ; 1855] (+)Françoise Elisabeth GILLES (° 1799 ; veuve Leprettre) .............................[1855 ; 1858]Frédéric Jules LEPRETTRE (° 1837 ; x Julie Bouevin) .................................[1858 ; 1864]Pierre Edouard AUBERT (° 1826 ; x Eugénie Caillebotte).............................[1864 ; 1894] (+)Joseph Dieudonné Henri LEGAY (° 1864 ; x Blanche Cottard) .......................1896 ; 1923] (+) Veuve LEGAY née Cottard (°1862 ; +1948) ............................................[1923 ; 1924] Paul Maurice LEGAY (° 1892 ; x Fernande Ternon)....................................[1924 ; 1934] Charles Louis LECLERC (°1888 ; + 1958 ; x Cécile Lesauvage) ...................[1934 ; 1958] (+) Christian Roland LECLERC (° 1926; x Claudine Friboulet ) .......................... [1951 ; 1971] Georges LEGAY (° 1931 ; x Bernadette Petiton)........................................[1971 ; 1989] Isabelle LEGAY (° 1961 ; x Jérôme Villers) ...............................................[1989 ; 2011 ...
[1] ADSM. 2E 91/250 ; notariat Dubois [2] Une vente en 1768 nous apporte de précieux renseignements sur le fief de Mesniltade : « Par devant les conseillers du roy notaires à Rouen soussignés fut présent haut et puissant seigneur Marie Louis Bruno Emmanuel de Motteville chevalier seigneur et patron dudit lieu, président honoraire du parlement de Rouen, y demeurant en son hôtel, seul et unique héritier de haut et puissant seigneur Pierre Georges de Motteville de la Haye du puits son frère chevalier seigneur desdits lieux ... lequel dit seigneur président de Motteville en laditte qualité a par le présent vendu quitté ceddé et délaissé ... à Messire Louis Charles Alexandre de Baunay chevalier seigneur de grosquesne et autres lieux , conseiller au parlement de Normandie et grand bailly du bailliage de de Caux demeurant à Rouen ... les fiefs terres et seigneuries cy après : ... en troisième lieu le fief noble et seigneurie de Mesniltade qui est un fief ou portion de fief dont le chefmois est assis en la paroisse de Saint Michel de la chaussée ...à la charge de tenir et relever ledit fief de Mesniltade du comté de Tancarville » (ADSM. 1 ER 354 ; 9.08.1768) [3] ADSM 13H 101 ; terrier de St Georges de Boscherville [4] ADSM Microfilm 12 Fi 257 [5] ADSM. 2E 91/185 ; notariat Preudhomme [6] L’inventaire précise que ce bail a été passé chez Liot notaire à Montivilliers le 10.01.1728 et le bail suivant le 25.08.1736 [7] ADSM. 2E 91/222 ; notariat J.Bte Liot [8] ADSM ; terrier 194 [9] ADSM. 2E 91/251 ; notariat Dubois [10] notariat Palfray au Havre [11] Notariat Bérard au Havre [12] ADSM. 2E 91/293 ; notariat Dubois ; cahier des charges du 31.10.1817 [13] ADSM. 2E 90/32 ; notariat Bréauté [14] ADSM. 2E 90/23 ; notariat Deglos [15] ADSM. 2E 91/304 ; notariat Dubois [16] ADSM. 2E 70/753 ; notariat Bérard au Havre [17] ADSM. 2E 70/906 ; notariat Bérard au Havre [18] ADSM. 2E 91/430 ; notariat Brière [21] ADSM. 2E 91/431 ; notariat Brière [22] ADSM ; 2E 91/494 ; notariat Pellot [23] Notariat Layet à Criquetot ; archive non encore versée aux ADSM [24] Notariat Duparc à St Romain; archive non encore versée aux ADSM [25] Notariat Breton au Havre ; archive non encore versée aux ADSM [26] ADSM ; 2E 91/502 ; notariat Pellot [27] Notariat Breton ; archive non encore versée aux ADSM [28] ADSM ; 2E 91/530 ; notariat Pellot
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