A1b. Ferme Lemoine

Avant 1818 : voir « Domaine Duval Dumanoir »

      Nouvelles parcelles achetées par Jean Léonce Lemoine en 1849 et 1860

Soit une superficie totale de 28ha 67a 94ca

     Benjamin Aimé Noël prend donc possession de son héritage en 1818 mais il ne le gardera pas longtemps. Il le vendra aux enchères le 31 mars 1819 [1] et le domaine sera adjugé à Jean Jacques Lemoine et à son épouse Rose Agathe Delacroix. Cet immeuble est alors décrit comme suit : « ...  ferme  consistant en masure close de quatre fossés indépendants édiffiée d’un pavillon et batimens y attenant, d’une maison de fermier et des batimens ruraux nécessaires à son exploitation et en terre de labour, le tout contenant en superficie dix huit hectares soixante douze ares quarante deux centiares (mais seulement 18ha 04a 90ca d’après le cadastre de 1825) .Cette portion de ferme fait partie d’une plus grande ferme tenue par le sieur Joseph Augustin Delamare dont le surplus consistant en six hectares vingt quatre ares quatorze centiares de terre de labour appartient à la dame Félicité Noël ... »

     La famille Lemoine était aussi l’une des grandes familles de propriétaires terriens et notables de la commune. Le père, Jean Baptiste, maire de Gromesnil dès 1792, avait épousé Marie Rose Belloncle issue d’une famille de propriétaires cultivateurs à Gromesnil. Il possédait une masure et une ferme de 5 ha sur la paroisse de Gromesnil ; sa fille Constance      Mélanie veuve de Jean Jacques Dégenétais en devint propriétaire ; son autre fille Marie Rose avait épousé Guillaume Lemoine qui possédait la « ferme Duboc », et son fils Jean Jacques , l’acquéreur de la ferme ici étudiée, était maire de la commune de Gromesnil lors du rattachement de cette commune à celle de St Romain en 1824. Il fut ensuite conseiller municipal de St Romain de 1831 à 1834 , remplacé à ce poste par son fils Jean Léonce qui sera plus tard maire de notre commune.

 * Marie Rose Belloncle était la fille de Jacques Belloncle et Marie Catherine Leberquier, laboureurs sur la

 grande ferme de Gromesnil

** Guillaume Lemoine était propriétaire de la ferme Duboc

*** Notaire à St Romain de 1833 à 1837. Il succéda à Louis Pierre Romain Dubois et fut remplacé par Pierre Brière

**** Jean Jacques Dégenétais était le fermier de la « ferme Dutot » à Amontot

     Jean Jacques Lemoine meurt le 22 mai 1845 laissant pour héritiers son fils Jean Léonce et sa fille Herminie Agathe épouse de Louis Duval. Les biens immobiliers à partager consistent en deux fermes à St Vigor, une à Yébleron, une à St Laurent, et deux à St Romain. Le partage va être effectué le 25 janvier 1846 [2] : Jean Léonce abandonne les 4 fermes hors St Romain aux époux Duval, et ceux-ci laissent à Jean Léonce la ferme qu’il exploitait, de 17ha 74a 10ca , et la ferme de 3ha 86a 60ca exploitée par Sénateur Frébourg située au quartier de La Chapelle.

     Jean Léonce, aux droits de sa femme née Mannégy, possédait déjà plus de 13 hectares de terre lorsqu’il hérita de la ferme de son père . Il avait entre autre acheté en 1837 les six hectares qu’avait possédés Félicité Noël [3].

   Cette « tisserie » avait une certaine importance puisqu’elle employait 20 ouvriers et 10 enfants et que le fabricant Frébourg était imposé pour 24 métiers.

 « Frébourg Sénateur, fabricant à 24 métiers » [5]

                                                      La briqueterie de Saint-Romain

     Et plus à l’ouest, en 1842, un four à chaux s’était installé, et le chaufourier Talbot creusait pour prélever la marne, travail de sape qui durera pendant plus de vingt ans. Les galeries ainsi réalisées ne resteront pas inutiles : elles seront offertes à la commune en 1875 pour évacuer le trop-plein de la mare de Colbosc qui avait la fâcheuse habitude de souvent déborder et d’inonder les maisons voisines ; cadeau émanant du Maire lui-même puisque Jean Léonce Lemoine avait accédé à cette fonction suprême dès 1857. Il le restera jusqu’à sa mort survenue en 1878.

     Mais auparavant, il avait agrandi son domaine vers le nord grâce à l’acquisition de plusieurs parcelles :

- le 26 février 1849, il achetait les parcelles C 218/221, quartier de la mare des vallées, à 

   Jacques Abraham Bertin [6]

- le 9 avril 1849, les parcelles C 184 et B 371 à Félix Lecroq [7]

- le 12 mai 1860, les parcelles C 185 et B 375 à Achille Durel [8]

     Il détenait ainsi tous les terrains situés de part et d’autre de l’actuelle rue du Bassin.

     Signalons qu’en 1851, une petite parcelle de 320 m2 avait été abandonnée à la commune pour l’établissement d’un cimetière protestant, moyennant l’attribution d’une concession perpétuelle .

     A sa mort, il laissera la fonction de Maire à Théodule Benoist et plus de quarante cinq hectares de terres à Henri Alfred et Léonce Pierre ses deux fils. C’est ce dernier qui prendra possession du domaine qui nous intéresse ici, suite au testament olographe du 3 août 1874 déposé le 3 janvier 1878 au notariat Brière et au partage effectué avec son frère le 7 novembre 1878. [9]

     L’acte de partage décrit l’héritage de la manière suivante :  « 1°) une ferme contenant environ 17 hectares composée d’un corps de ferme, briqueterie et maison de briquetier ; 2°) une petite ferme et pavillon à St Romain occupés par le testateur plus un terrain en herbage sur le bord de la route nationale alors occupé par M. Deschamps et un autre terrain y attenant loué au sieur Mérantier le tout contenant environ 4 ha 54 a »

     Et par un autre testament daté du 26 mai 1871, il laissait à Ursin Lepicard son domestique la jouissance pendant sa vie de la maison occupée par ledit Lepicard

     Ursin Lepicard a sans doute habité cette maison jusqu’en 1893, année de sa mort.

     Henri Alfred Lemoine, qui était déjà propriétaire de la « ferme de la Briqueterie » sur la route de La Cerlangue, (sans aucun rapport avec la briqueterie de la « ferme Lemoine ») exploitera la ferme et la briqueterie possédées par son frère, suivi par François Décultot puis par la veuve de ce dernier.

                                             La masure de la ferme Lemoine vers 1825

                                                                                                         Total: 1ha 73a

La belle masure va commencer son émiettement en 1888 :

    Le 8 juin 1889 [10], Louis Gilles Pigeon va acquérir les parcelles C 180/182 et la partie est de la masure, soit un terrain de 2ha 04a.  Cette partie sera à nouveau divisée en 1906 : la plus petite parcelle, de 799 m2, (en bleu sur le plan) ira dans les mains de sa fille Louise Marie épouse d'Adrien Brotot du Havre. Ce couple y construira sa maison en 1907. 

  Le 10 mai 1913 [11] , la propriété est vendue à Alfred Gustave Baucher et Eloïse Leroy son épouse. Cette dernière meurt le 28 avril 1918 laissant quelques droits à son mari et pour seule héritière Eloïse Baucher épouse d’Auguste Rouleau.

    Le 23 juillet 1921 [12],  les nouveaux propriétaires vendent leur héritage à Joseph Dieudonné Legay qui mourra le 26 janvier 1923. Sa succession sera partagée à l’amiable le 2 juin 1924 [13]  entre sa veuve Blanche Isabelle Cottard et ses quatre enfants. L’immeuble sera attribué en pleine propriété à Madame veuve Legay qui en restera propriétaire jusqu’à son décès survenu le 1^er octobre 1948.

    Le 18 décembre 1948, les enfants, héritiers chacun pour un quart, mettent la propriété en vente. Elle sera adjugée à Léon Neufville, agriculteur à Graimbouville, qui viendra exploiter les terres restantes de la ferme Lemoine.

      Madame Legay habitait cette maison avant

      la famille Neufville

     Jacques Léonce Lemoine, le maire de St Romain, habitait cette masure. D’après les indications fournies par les recensements de population, il semble que sa demeure était cette maison B 252,  construite (ou reconstruite ?) en 1837 par son père Jean Jacques Lemoine.

     Léonce Pierre Lemoine, qui a conservé les parties jaune et verte, meurt le 5 mai 1894. Sa femme, Jeanne Gélée, est légataire d’un quart des biens en pleine propriété suivant testament olographe de son mari en date du 28 juin 1889 et Maurice Léonce Hippolyte est fils et unique héritier . Ce dernier décède le 5 août 1894 laissant comme héritiers sa mère Veuve Lemoine née Gélée et son frère Henri Alfred. Le 18 octobre 1894 [14] , un partage attribuera le domaine à la mère.

     1918 est le grand millésime d’Albert Leberquier qui va devenir le plus important propriétaire foncier de la commune.

     Le 13 février 1918 [15], avec son épouse Ernestine Bretteville, il achète la ferme avec le reste de la masure, soit une propriété de 26ha 51a 53ca. Elle est louée à Mademoiselle Henriette Décultot, cultivatrice, en vertu d’un bail sous seing privé du 25 juillet 1907 pour une durée de 12 années. Mais la briqueterie avec fours, bâtiments et quelques terres est sous-louée aux frères Corruble.

    Très vite, la masure va encore être morcelée:

Le 10 mai 1919 [16], le couple Leberquier vend à la Société des Rizeries Françaises ayant son siège à Graville une partie de cour de ferme comprenant la portion ouest avec écurie, étable et charreterie, et la portion sud avec une grande grange, le tout contenant environ 7060 m². L’affaire était traitée par le sous-directeur de la société, Henri Pascal Godin, celui qui achètera le mois suivant la ferme de Saint Michel (voir « Ferme Hanin »).

      Cette  partie  sera revendue dès le 27 décembre 1919 [17]  à Marie Georges Feugère,

      La dernière partie de la masure (en jaune sur mon plan) sera revendue le 25 septembre 1920 [18] à Albert Gustave Dubuc, cultivateur demeurant à Amontot .  Elle contenait alors 44a 90ca et était occupée par Mlle Henriette Décultot, rentière qui y demeurera jusqu’en 1923 selon un bail pour quatre ans concédé par Albert Leberquier le 23 août 1919 [19].

                Le « fossé planté » de la ferme ...                                                ... vient hélas de disparaître

     Le 4 septembre 1935 [20] , Albert Dubuc et son épouse feront donation de leurs biens entre vifs à titre de partage anticipé. La propriété de la rue de la poste sera alors attribuée à Yvonne Dubuc, épouse de Charles Emile René Lefrançois, maire de St Vigor.

     A la mort de Madame Veuve Lefrançois née Dubuc, la propriété passera aux mains de ses cinq fils.     Un cabinet médical viendra s’installer dans la maison et quelques propriétés nouvelles se construiront autour, signant l’arrêt de mort de la masure.

    Au carrefour de la briqueterie, plusieurs parcelles vont être détachées de la ferme :

Déjà, en 1889, les parcelles 180 à 182 avaient été vendues à Louis Gilles Pigeon (voir plus haut).

De la parcelle 180, de 13760 m², Louis Pigeon va vendre 1000 m² à Rose Duparc en 1902 puis , les 14.10.1904 et 13 février

    Le 22 février 1919 [22], Albert Leberquier céde la parcelle 179 de 1ha 07a 50ca à Ernestine Chiffray veuve de Louis Alfred Hue. Elle sera revendue le 27 octobre 1923 [23] à Georges Villars.

    Et à cette époque, le maire était en quête d’un terrain pas trop éloigné du bourg pour y implanter un nouveau cimetière, l’ancien ne pouvant plus satisfaire aux besoins. L’affaire sera conclue avec notre propriétaire : la commune achètera le 4 décembre 1920 [24] la parcelle C 178 de 1 ha 98 a 09 ca.

    C’est aussi en 1919 que les terres les plus proches du bourg vont être urbanisées. Plusieurs parcelles vont être vendues par Albert Leberquier et son épouse, acquises par des commerçants et artisans de Saint-Romain qui vont y bâtir leur demeure :

Rue du Bassin, côté nord (sur parcelles B371 et 375) :

            - 2000 m² à Paul Florimond David, maréchal (12 juin 1918)

            - 1000 m² à Henri Lemoine, sellier (31 juillet 1918) qu’il revendra à Gaston Nizou en 1929

                  - 505 m² à Eustache Léguillon, restaurateur (22 août 1918)

            - 501 m² à Gaston Tassel, cordonnier (22 août 1918)

           - 1000 m² à Louis Emile Bréard,  entrepreneur de maçonnerie (24 août 1918) qu’il revendra

                               à Emile Cantais en 1929

            - 3000 m² à Léopold Hauchecorne, agent d’assurances (2 septembre 1918) qui en vendra

                                600 m² à Eugène Hauchecorne en 1931, lequel les revendra à Roger Hauchecorne en 1933

            - 3545 m² à Tobie Dehaye, épicier (27 septembre 1918)

            - 1500 m² à Delphin Héricher, employé de chemin de fer, (1er octobre 1918)

            - 7040 m² à Emile David, marchand de bois demeurant au Havre (27 septembre 1919)

                            Ce bel herbage formait l'angle de la rue du Bassin et de la route nationale.

            - 565 m²  à Eugène Hauchecorne (1920) qui les revendra à Paul Leconte , tailleur, en 1941

            - 686 m² à Paul David (1920)

            - 1083 m² à Joseph Saillard (1920) qu’il revendra à Eugène Hauchecorne en 1933

            - 1459 m² à Léopold Hauchecorne (31 juillet 1920) qui en vendra 1159 m² à Eugène Hauchecorne

                               le 15 décembre 1927 et 67 m² à Roger Hauchecorne en 1933

            - 1112 m² à Louis Emile Bréard (1921) qu’il revendra à Fernand Coussin en 1929

L’acte de vente du 31 juillet 1920 stipule : « A l’extrémité nord-ouest des terrains ci-dessus vendus à MM. Bréard, Saillard, et Léopold Hauchecorne, ... il est créé un passage commun de quatre mètres de largeur partant de la route nationale et allant jusqu’à l’angle nord-est de la parcelle vendue à Paul David. Ce passage longeant le terrain de M. Levieux est destiné à desservir les terrains qui viennent d’être vendus à MM. Bréard, Saillard, Hauchecorne et David ».

        C’est l’origine de l’actuelle allée du Bel Air

Rue du Bassin, côté sud (sur parcelles C184 puis 185) :

            - 3111 m² à Joseph Pierre Louis Huault, épicier (19 mars 1919)

            - 1000 m² à Louis Paul Joseph Lefebvre, charcutier (15 avril 1919) qui en revendra 397 m² à

                               Oscar Pichard, couvreur, en 1920

            - 1000 m² à Louis Emile Bréard,  entrepreneur de maçonnerie (5 juin 1919) qui en

                                 revendra 239 m² à Oscar Pichard le 18 décembre 1920 et les 761 m² restants à Victor Malherbe,

                                 ferblantier, le 26 février 1921, lequel revendra sa parcelle à Marguerite Darmandaritz le 13 mars 1926,

                                et laquelle la revendra à Marcel Néel le 13 juillet 1927.

            - 1700 m² à Albert Adolphe Thuillier, menuisier (5 juin 1919)

            - 500 m² à Augustin Clément Lainé, facteur (5 juin 1919)

            - 2103 m² à Emile Eugène Maze, charcutier (5 juin 1919)

Rue Georges Grimm, côté nord (sur parcelle C183) :

            - 2895 m² à Albert Paul Eugène Drouet, couvreur. (28 avril 1919) qu’il revendra à Charles

                               Riehl, marchand de levure, en 1927

            - 1232 m² avec maison à Henri Léon Lemoine, couvreur. C’est la propriété mitoyenne

                        avec l’actuel parking des pompiers. (23 septembre 1919)

            - 8046 m² à Hector Delahaye, marchand boucher (18 octobre 1919). L'acquéreur  y

                                    construira son abattoir.

            - 2898 m² à Louis Bréard, entrepreneur (23 avril 1921) qui revendra 1000 m² à Jean Emile

                               Amourette, facteur, le 16 juillet 1923 et les 1898 m² restants à Guillaume Cadinot, herbager en 1925

            - 3049 m² à Paul David, maréchal en 1921 qu’il revendra en 1946 à Maurice Robert, électricien

Propriétaires successifs après 1818 :

 Fermiers successifs de la propriété :